mardi 20 mai 2008

Adieu Montfort...


L'Institution secondaire Montfort, l'école où j'ai passé mes 5 années de secondaire, ferme ses porte à la fin août. Chronique d'une mort annoncée: les écoles privées se meurent dans la région. Avec les fermetures d'usines, peu de familles ont encore les moyens de payer pour une éducation de qualité. Même si, de mon temps, à Montfort, des bourses étaient disponibles pour les élèves moins favorisés, comme moi...

C'est d'autant plus triste que Montfort avait changé sa vocation: d'école à vocation sportive destinée à des jeunes triés sur le volet, elle s'était transformée en école spécialisée pour les élèves en difficulté d'apprentissage, tout en gardant sa vocation sportive. Ce qui fait que plusieurs jeunes perdent la seule école où ils aient fonctionné et appris correctement. C'est très triste...

Dans mon temps (moi, maintenant vénérablement vieille), il y avait un examen d'admission pour entrer à Montfort. On y faisait de l'éducation physique tous les jours. J'ai eu l'immense chance de goûter à une multitude de sports et de développer mon corps autant que mon esprit.

La vie n'était pas toujours facile à Montfort pour une fille comme moi: «bollée» et plutôt nulle en sport. Montfort, c'était le paradis des musclés, des sportifs et des shorts Adidas serrées. Les grandes maladroites grassouillettes comme moi étaient souvent laissées pour compte et un peu malmenées. C'est pas grave. Ça forge le caractère.

À Montfort, il y avait le sport, mais il y avait aussi l'académique. Et il y avait Gilles Lindsay. Le meilleur prof de français du monde. Si je sais écrire, si j'AIME écrire et lire aujourd'hui, c'est grâce à lui. J'ai découvert dans ses cours que la poésie était belle, qu'elle était la musique des mots. Qu'Anne Hébert faisait des allitérations. Qu'il fallait souvent lire entre les lignes et ne pas avoir peur de s'attaquer à plus intelligent que soi. Qu'il fallait oser et ne pas se soucier de ceux qui riaient des intellos, des «bollés». Merci Gilles, où que tu sois. Je pense encore très souvent à toi et je relis régulièrement Nelligan.

Montfort c'était l'adolescence, les peines, les amours (salut Luc!), les amitiés (Annie, Isabelle, Guylaine, Liette, Mario, feu-Carl, Martin et j'en oublie...). Le canot sur le lac-qui-pue, le Parcours & Orientation dans les champs de purin, les visites au centre de racquetball, les tournois d'impro, le ski de fond, les raquettes en plastique, la salle d'études, le maudit «12 minutes Cooper», le handball que j'haïssais tant, le labo de chimie très odorant, les petits papiers des carrés de beurre collés au plafond de la cafétéria, ma vénérée bibliothèque, le vestiaire des «grands» où les jeunes avaient si peur de passer, les cigarettes dans le portique, les tables de mississipi et de ping-pong sur la mezzanine, des profs à l'écoute, du parascolaire à la pelle, un site magnifique, une école solide et l'avenir qui s'ouvrait à nous. Cette école m'a forgée, moi comme des centaines d'autres.

Qu'adviendra-t-il d'elle? À suivre... Mais l'esprit de Montfort vit dans nos souvenirs. Les bons comme les mauvais.

Adieu Montfort...

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