dimanche 8 août 2010

Naissance d'Évangéline (qui signifie « la bonne nouvelle»)

Finalement, me voici quasiment assez en forme pour vous raconter la naissance de notre fille, Évangéline.

Comme vous le savez probablement déjà, depuis le 25 juin, j'étais sous haute surveillance à cause d'une prééclampsie légère. J'ai été hospitalisée 3 fois, la dernière fois le 17 juillet. 2 semaines à regarder un mur beige et à ne pas pouvoir me lever. Plate... Lecture, mots-croisés... Plate...

Mais le 23 juillet, j'ai commencé à filer un peu mieux. Les médecins m'ont donc donné la permission d'aller dormir chez moi si je revenais à l'hôpital pour 9h30 le lendemain. Ce que je fis. Le 25 juillet, nous avions prévu de sortir de l'hôpital le matin pour aller nager au Lac des Piles et de revenir le soir. Mais, ce matin-là, quand je me suis levée, j'étais en prééclampsie sévère. Pourquoi? Mystère... En prééclampsie c'est un jour à la fois et tout peut ariver. J'en suis à 36 semaines et 4/7.

Le Dr Estelle Bélanger m'a donc annoncé que j'allais accoucher aujourd'hui, par césarienne. Car notre Pirouette, bien placée depuis la 30e semaine, avait décidé, à la 34e semaine de se remettre en siège.... En prééclampsie, un accouchement par siège est trop risqué. Cependant, depuis 10 jours, je faisais des exercices pour faire tourner le bébé. Et ça a marché! L'échographie du 25 au matin nous a montré une jolie Pirouette la tête en bas! Donc, accouchement vaginal!

J'ai donc appelé Olivier et grand-maman Jeannine. Mon chum pour qu'il se pointe au plus vite et ma mère pour qu'elle garde fiston.

Vers 10h00, on m'a déménagée en salle d'accouchement et on a commencé l'induction.

Et là, je dois vous faire un aveu dont je ne suis pas très fière: quand je me suis retrouvée avec une aiguille dans chaque bras, 3 sacs de soluté d'un côté et 4 de l'autre, un ballonnet dans le vagin pour dilater le col et une sonde dans la vessie, petit sac de pipi sur la cuisse.... j'ai paniqué... Une vraie crise de panique. Je pensais à l'accouchement que je voulais, en maison de naissance, dans la douceur et l'amour... Et je voyais cet accouchement provoqué avec médicaments, un peu violent pour le bébé et moi, dans un milieu un peu froid....
Comparez les 2 images, vous comprendrez...
Début de l'accouchement à l'hôpital Ste-Marie de Trois-Rivières
La chambre où nous aurions vu naître Évangéline à la Maison des naissances

















On m'injectait du sulfate de magnésium (pour ne pas que j'entre en convulsion), du soluté ordinaire (contre la déshydratation), du pytocin (pour provoquer les contractions), un antibiotique (car j'étais streptocoque positive) et 2 autres médicaments pour provoquer la naissance. Tout un cocktail! J'étais un peu gnagnan. Donc, j'ai paniqué: pleurs, cris, toute le kit! Olivier essayait de me calmer. Je réclamais à grands cris une césarienne sous anesthésie générale. Je ne voulais pas vivre ça! Le Dr Bélanger m'a calmée, m'a expliqué que l'accouchement vaginal était hautement préférable et de penser à mon bébé. Ça m'a calmée.... tellement bien que mes bonnes endorphines naturelles ont embarqué et que je me suis endormie!

Quel moment étrange: moi qui somnolais, malgré les contractions de plus en plus fortes, et mon chéri qui lisait. L'infirmière (présente en tout temps) n'avait jamais vu ça!

À un certain moment, les contractions sont devenues trop fortes et douloureuses pour dormir. J'ai donc réclamé la péridurale (rendue là, un tuyau de plus ou de moins...). L'anesthésiste est arrivée en coup de vent, pagette sonnant au 30 secondes. Tout d'abord, le principe de la péridurale: insérer, à l'aide d'une aiguille creuse, un petit tube entre les vertèbres et la dure-mère (enveloppe de la moelle épinière) afin d'injecter un anesthésiant qui paralyse littéralement le bassin et parfois les jambes. Problèmes: je faisais tellement de rétention d'eau que l'anesthésiste était incapable d'insérer l'aiguille correctement. Tout ce qu'elle faisait, c'était de me meurtrir les chairs et de me gratter les vertèbres (et ça, ça fait mal en $&?@#$%?&%). En plus, faut pas bouger et les contractions font un mal de chien! Après 10 tentatives (oui 10!!!!) et 30 minutes de souffrances atroces, elle abandonne et décide d'appeler l'anesthésiste de garde qui est à la maison.

30 minutes plus tard, il arrive (je l'aurais embrassé. En plus, il était pas mal beau!). Il réussit du premier coup. Il me fait une péridurale césarienne. C'est à dire que mon ventre est engourdi, mais pas mon bassin, ni mon périnée.  Comme ça, si on doit m'ouvrir le ventre d'urgence, je serai prête (réjouissant!)

Me voici maintenant avec un nouveau tuyau qui sort de mon corps. La ballonnet est tombé, par contre. Les contractions sont intenses (oui, je les sens encore en masse) et complètement inefficaces: j'ai tellement de liquide amniotique que les contractions ne font pas descendre le bébé. Elles font seulement comme une piscine à vague. Seule solution: rompre les membranes pour que le liquide s'écoule.

Mais le Dr Bélanger a peur que le cordon soit entrainé dans le vortex et que la tête le coince dans le col, ce qui empêcherait bébé de respirer. On aurait alors quelques minutes pour sortir bébé de là. On décide donc de percer les membranes mais au bloc opératoire. Comme ça, s'il y a un problème: césarienne immédiate.
Olivier prêt pour le bloc opératoire
On se prépare donc pour le bloc opératoire:

Quelques minutes avant de monter, comme dans les films, j'entends un pouf! et un splash! Les membranes viennent de rompre. J'alerte l'infirmière, qui crie après le docteur. Je vois arriver le Dr Bélanger, sprintant, paniquant, elle se garroche à mes pieds et entre une main exploratoire dans mon vagin. J'entends un «Fiou! C'est la tête!»

Elle garde sa main sur la tête tandis que le Dr Sonja Bodmer-Roy, la résidente du Dr Bélanger, appuie sur mon ventre pour faire sortir le liquide. Pas très agréable...

Aussitôt que le Dr Bélanger libère mon vagin: ÇA POUSSE!!!!!!!!!

Tandis que 2 médecins et 4 infirmières essaient tant bien que mal d'enlever le pied du lit (ce sont des nouveaux lits ultramodernes, mais personne n'a le temps de suivre la formation pour savoir comment ils fonctionnent...), je capote et je crie: «Ça pousse!!!!!» Celles qui ont accouché sauront que, quand ça pousse, ça donne rien d'essayer d'arrêter la vapeur....

Évangéline pleine de vernix
Finalement, le pied du lit tombe, mes pieds sont sur les étriers. La contraction arrive, je pousse 1 fois et Évangéline est carrément expulsée sous pression. Les 2 médecins ont toutes les misères du monde à l'attraper. Elle est pleine de vernix (normal pour une prématurée) et ne pleure pas beaucoup. On la met sur moi, en peau à peau, puis elle part avec papa en néonatalité tandis qu'on continue à me torturer à me vidant l'utérus (et ça, je pense que ça fait plus mal qu'accoucher...).




Premier regard entre mère et fille
Je reste avec les médecins pendant quelques temps, sous surveillance. Deux médecins merveilleuses: Estelle Bélanger et Sonja Bodmer-Roy. Charmantes, humaines, sensibles et empathiques. J'ai eu bien de la chance de les avoir auprès de moi!
Ensuite, on me transfère dans ma bonne vieille chambre. Les infirmières, devenues des amies après 1 mois de fréquentations, viennent me féliciter. Mais, je veux voir ma fille. En chaise roulante, avec mes 2 poteaux de soluté, je vais donner le sein à Évangéline pour la 1ère fois, en néonatalité.

Première rencontre frère-soeur
Après 24 heures, on m'enlève mes tuyaux. Je peux aller dans une chambre normale, avec Olivier et Évangéline.


L'allaitement est difficile au début, puis tout s'arrange. Le jeudi, on rentre à la maison. François-Gustave adore sa soeur.... Le bonheur est entré chez-nous!!!!